Quelle frénésie constitutionnelle ! Alors que les fédéralistes s'épuisent à construire l'Europe unie avec des pays qui n'en veulent pas, au premier chef la Grande-Bretagne, la République tchèque et la Pologne, Jacques Chirac et le PS manigancent une fois encore dans le but de modifier les institutions, françaises cette fois, le premier pour les réviser, les autres pour en changer. Chirac veut insérer une charte de l'environnement dans la Constitution française. Comme si la loi ne suffisait pas ! S'en méfierait-on à ce point ? C'est une manie : au premier prétexte, on embarque députés et sénateurs à Versailles, on révise un ou deux articles, on rajoute une phrase par-ci par-là, on fait jouer le grand sceau de la République ­ spectaculaire et royal cachet ­ et l'on envoie une carte postale à ses affidés avec une oblitération spéciale qui souligne la solennité d'un acte aussi souverain. Malheureusement, cela devient si banal que lorsqu'on les consulte, les électeurs s'en fichent, comme le prouve le chiffre de l'abstention lors du référendum oublié de 2000 sur le quinquennat : 69,68 % du corps électoral n'a pas voté.

Pourquoi les Français, ou plutôt leurs représentants, tripotent-ils autant leur Constitution, curieux rewriting dont se dispensent en général les autres nations démocratiques ? De 1958 à aujourd'hui, ils l'ont déjà révisée douze fois, bientôt treize, dont deux, reconnaissons-le, pour la mettre en conformité avec les traités européens. Dans le même temps, les Etats-Un