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TRIBUNE

Les liens Chirac-Sarkozy: un sac de noeuds

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publié le 10 septembre 2004 à 2h05

Dans la tradition parlementaire, en Grande-Bretagne ou en Allemagne, le Premier ministre est aussi le chef du parti majoritaire. C'est donc sur lui que repose en réalité la cohérence de l'action gouvernementale : que le parti se divise, et c'est le gouvernement qui risque de se défaire, voire de perdre son chef désavoué. La Ve République repose sur une règle différente. Le chef de l'Etat procède de l'élection au suffrage universel direct et non des partis, à tout le moins en théorie... Le Premier ministre procède de lui et le parti majoritaire a vocation à soutenir leur action. Le gouvernement et les partis sont donc séparés. C'est d'ailleurs pourquoi, jusqu'à la création du RPR en 1976, sous la présidence de Giscard d'Estaing, le parti néogaulliste n'eût jamais de président. En 1971, la proposition du secrétaire général de l'UDR, Alexandre Sanguinetti, de doter le parti gaulliste d'un président était condamnée par le Premier ministre d'alors, Chaban-Delmas, comme d'ailleurs par Chirac pour lequel «un président pour l'UDR, ce ne serait conforme ni à sa doctrine, ni à ses statuts», ce qui était concevable dès lors que le président de la République était issu de ses rangs. Le président de la République est l'inspirateur du parti, le Premier ministre son animateur naturel : un parti-godillot qui n'est pas encore pensé comme une machine à fabriquer un candidat aux présidentielles. Certes, l'interdiction de cumuler les fonctions de président du parti majoritaire et de ministre ne