Le contenu et les enjeux du réformisme constituent une donnée permanente du débat politique. A droite, le terme est très souvent utilisé pour légitimer le changement face à une gauche réputée conservatrice.
A gauche, la situation est plus complexe au regard du «statut» idéologique du concept même du réformisme en tant que pratique opposée à la révolution. Sur ce plan, le réformisme a clairement gagné à gauche. Mais beaucoup de questions de fond n'ont pas été tranchées. Le lien entre réforme et transformation sociale n'a jamais été élucidé. La question est néanmoins en train de resurgir à la faveur du débat houleux sur l'Europe. Dans un contexte de changement social mondialisé, la légitimité du réformisme est aujourd'hui affaiblie car il est perçu par les plus faibles notamment, comme un processus d'adaptation à un changement dont ils ne voient pas les contreparties. S'adapter d'accord. Mais en échange de quoi ? Certes, le conservatisme explique bien des résistances. Mais expliquer ces résistances par le seul social-poujadisme de catégories protégées ne résiste pas à l'analyse. C'est la raison pour laquelle, la prétendue thèse d'une opposition entre une France protégée et une France exposée est d'un simplisme navrant. Il faut aller plus loin et tenter une hypothèse : celle qui consiste à dire que la problématique du réformisme est amenée à changer, car les termes du débat social ont changé.
Dans les années 80 et 90, le réformisme signifiait la recherche d'un compromis social st