En moins d'un an, deux hommes impliqués dans le commerce d'armes ont été désignés par un Etat au sein de leur représentation diplomatique auprès de l'Unesco. «Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix», proclame le préambule de l'acte constitutif de l'Unesco. Au sortir de deux guerres mondiales, les bâtisseurs d'un nouveau système international jugèrent ainsi indispensable la naissance d'une agence des Nations unies spécifiquement consacrée aux oeuvres de l'esprit, destinée à «resserrer par l'éducation, la science et la culture la collaboration entre nations».
Longtemps, les pays étaient représentés par des figures intellectuelles dans ce qui émergeait comme un forum culturel planétaire. Le remplacement de ces personnalités indépendantes par des diplomates a porté un coup fatal à cette originalité, rendant l'organisation par surcroît extrêmement vulnérable aux conflits et intérêts politiques.
Aujourd'hui, le symbole est terrible : des hommes qui se sont enrichis en alimentant en armes les guerres qui déchirent l'Afrique sont désignés à ce cénacle, voué à la culture de la paix, dont la mission est d'aider à sauver Angkor, reconstruire le pont de Mostar, scolariser des enfants mutilés par des mines au Mozambique... L'organisation n'a pas le pouvoir de discuter de telles nominations. Elle n'a rien à dire sur les délégués que se choisit chaque Etat. Mais, la semaine passée, les représenta