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Libération
TRIBUNE

La Turquie dans l'UE, oui si...

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publié le 20 octobre 2004 à 2h38

Le débat passionnel qui s'engage un peu partout en Europe sur la Turquie révèle une hostilité profonde de l'opinion vis-à-vis de son adhésion à l'Union. Cette hostilité qui dépasse les clivages politiques traditionnels est compréhensible. Elle ne saurait être réduite aux seuls préjugés culturels et religieux ou à des réactions de peur. La Turquie a une mauvaise image dans l'inconscient des Européens, y compris dans des pays qui n'ont pas eu à souffrir du passé ottoman des Turcs et qui n'ont pas de contentieux particulier avec Ankara, et elle en porte la responsabilité.

Elle récolte aujourd'hui les fruits amers des violations massives des droits de l'homme et de la persécution des minorités pratiquées par ses gouvernements successifs tout au long du XXe siècle. Du déni du génocide arménien à l'épuration de l'Anatolie de sa population grecque autochtone, aux massacres et déplacements forcés des Kurdes reniés dans leur identité et leur culture, à la répression des dissidents s'écartant de l'idéologie nationaliste officielle et intolérante, la liste de ces crimes est longue. Les Etats européens, au nom de la Realpolitik, des impératifs de la guerre froide ou de simples intérêts mercantiles, se sont accommodés de ces pratiques. Pas la conscience publique tenue constamment en éveil par les victimes du régime turc et les ONG des droits de l'homme. Les coups d'Etat militaires quasi décennaux avec leur cortège de rafles, d'exécutions sommaires, de réfugiés politiques, des procès inqui