De nombreux responsables communautaires juifs et des intellectuels juifs et non juifs ont largement répandu l'idée que la critique du gouvernement israélien n'était qu'un alibi pour exprimer au nom des victimes palestiniennes un antisémitisme que l'on ne veut pas afficher franchement. Cette thèse a été reprise par Jean-Christophe Rufin dans un rapport au ministre de l'Intérieur sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Il estime qu'il existe «un antisionisme moderne né au confluent des luttes anticoloniales, antimondialisation, antiracistes, tiers-mondistes et gauchistes». Selon lui cet «antisionisme est un antisémitisme par procuration».
Il faut d'abord définir les termes. Qu'est-ce que l'antisémitisme ? Qu'est-ce que l'antisionisme ? L'antisémitisme est l'hostilité et même parfois la haine à l'égard des juifs, pris indifféremment pour la seule raison qu'ils sont juifs. Dans l'histoire, l'antisémitisme a conduit à des persécutions, des pogroms et à la Shoah. L'antisionisme est différent, c'est le refus de l'existence de l'Etat d'Israël. Les deux concepts peuvent être liés, mais ils ne le sont pas automatiquement. Il y a évidemment des gens qui, étant antisémites, refusent au peuple juif le droit à disposer d'un Etat. Mais, en même temps, il y a au sein de la communauté juive de nombreux juifs antisionistes. Ils peuvent l'être pour des raisons religieuses. Au nom de la Torah, des religieux nient à l'Etat d'Israël le droit de représenter tous les juifs. Ils es