Les Français sont-ils antiaméricains ? La question n'a pas manqué d'être déclinée sous toutes ses formes au cours des deux dernières années, mais plutôt que de diviser les milieux intellectuels, l'hostilité à l'égard de Washington semble ne plus, aujourd'hui, faire l'objet de la moindre contestation, mis à part quelques personnalités isolées et montrées du doigt. D'un débat «pour ou contre l'Amérique», nous avons glissé vers un scepticisme généralisé sur tout ce qui est en provenance de Washington. Comme en témoignent les multiples sondages effectués pendant la campagne présidentielle américaine, les mêmes remarques se retrouvent dans l'ensemble du monde, en dehors de quelques îlots dans lesquels l'Amérique reste un modèle exemplaire. Ces réticences vis-à-vis de l'hyperpuissance américaine se sont progressivement installées, et ne trouvent pas leur justification dans la seule administration Bush mais répondent à une tendance plus lourde.
Dans un contexte post-guerre froide, devant l'absence d'un adversaire à sa mesure, l'Amérique a ainsi souvent été l'objet de vives critiques en France, en particulier pour ce qui est perçu à Paris comme un unilatéralisme aux allures d'impérialisme. Ces critiques se sont généralisées avec la crise irakienne, et ont visé le président américain. La présence de George W. Bush à la Maison Blanche constitue ainsi le meilleur prétexte à un antiaméricanisme qui, pourtant, ne se limite pas à la personnalité du Président, mais dont il est la meilleure