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Libération
TRIBUNE

Fillon, une loi démagogique

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par Philippe Meirieu, Georges DUPON-LAHITTE, José FOUQUE et André LEGRAND
publié le 26 novembre 2004 à 3h11

Quatre-vingts pour cent des jeunes d'une classe d'âge au niveau du bac, cent pour cent de jeunes sortis du système éducatif avec une qualification de niveau V, la nouvelle loi d'orientation semble devoir faire siens les objectifs de la loi de 1989 qui n'ont été qu'en partie réalisés. Elle reprend même à son compte l'objectif annoncé sous le ministère de Jack Lang que cinquante pour cent d'une génération soit titulaire d'un diplôme d'enseignement supérieur.

Derrière un affichage identique, se cachent pourtant des stratégies, une politique, une conception de l'école, voire de l'enfant, différentes et probablement opposées. En 1989, le pari de la démocratisation de l'école reposait sur le double postulat que, en développant d'une part les voies technologiques et professionnelles, en centrant d'autre part l'organisation des établissements sur l'activité des élèves (c'était le sens de la formule «l'élève au centre»), on conduirait au niveau du bac ceux qui, à cause de leur âge, de leur sexe ou de leur origine sociale, n'y parvenaient pas précédemment. Le bilan des raisons pour lesquelles cette stratégie n'a pas produit tous ses effets n'a jamais été réalisé. La nouvelle loi semble devoir s'appuyer sur des postulats différents : l'acquisition par les élèves d'un socle commun de connaissances (encore à définir), la multiplication des contrôles, tout au long de la scolarité, pour vérifier que ces connaissances sont bien acquises, et l'instauration d'un climat de travail dans les étab