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Libération
TRIBUNE

Sida: le déni, notre ennemi

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par Daniel Borrillo, Myriam KIRSTETTER et Arnaud MARTY-LAVAUZELLE
publié le 9 décembre 2004 à 3h24

Lors de la présentation des chiffres du dispositif de surveillance de l'Institut de veille sanitaire relatifs aux nouvelles contaminations à VIH en France, le ministre de la Santé a alerté l'opinion publique sur la situation «hors contrôle» de l'épidémie, associant sa voix à celles de Peter Piot (ONU Sida) et de Kofi Annan pour qui la situation internationale est extrêmement dramatique. En effet, au seul niveau national, 6 000 nouveaux cas de sida pour l'année 2003 sont venus assombrir le panorama déjà fort inquiétant de plus de cent mille personnes vivant avec le virus. Parmi les nouveaux contaminés, les femmes originaires d'Afrique subsaharienne et les jeunes homosexuels occupent une place préoccupante.

Après vingt ans d'expérience dans la lutte contre le sida, comment sommes-nous arrivés à cette situation ? S'agit-il d'un échec ou plutôt d'un déni ? Comment avons-nous si mal utilisé les multiples moyens disponibles aussi bien aux niveaux préventif que thérapeutique ? Certes, la longueur de l'épidémie et l'usure entrent en compte tant au niveau de la mobilisation associative que de l'action politique. On est passé en quelques années de l'effroi à la banalisation. Le sida qui avait porté la lumière sur les préoccupations capitales de santé publique se retrouve paradoxalement au coude à coude avec la grippe, le tabagisme et l'abus dans la consommation d'alcool.

Alors que certaines réponses spécifiques ont montré leur efficacité (connaissance des modes de transmission et progrè