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Libération
TRIBUNE

Sida, la répression préventive.

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Imaginer une sanction engage l'individu à prendre en compte la collectivité et ses lois.
publié le 7 janvier 2005 à 23h28

La position exprimée par Marcela Iacub le 28 décembre dans Libération (1), et la décision de la cour d'appel condamnant à six ans de prison un homme porteur du VIH qui avait contaminé deux de ses partenaires sans les avertir de sa séropositivité sont à l'évidence inconciliables. Il me semble impossible de réduire l'effet de la condamnation de cet homme à une vengeance, et l'expression «jouir du plaisir exquis de voir les contaminateurs en prison» est littérairement belle, mais aussi réductrice que l'évocation d'un Etat qui veut «nous protéger contre les malades au lieu de nous protéger contre les maladies». Dans le rapport sur le sida rédigé en 1988 à la demande de Claude Evin j'avais soutenu la demande de création dans le nouveau code pénal du délit de «mise en danger délibérée d'autrui» qui était réclamé par de nombreux juristes. Ils estimaient nécessaire de combler un vide entre l'acte volontaire destiné à détruire ou à blesser autrui, et l'homicide ou les blessures par imprudence. Cette demande m'a semblé justifiée et je n'ai pas changé d'avis.

La prévention par la répression ne peut être négligée, elle fonctionne de façon variable, peu efficace pour prévenir le grand banditisme ou des crimes sexuels, son effet est croissant quand elle s'adresse à des êtres capables de ressentir leur appartenance à une société, et d'associer à cette conscience des comportements, par exemple le respect des autres qui passe souvent par le respect des règles. Nous venons d'en avoir la preuve