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Libération
TRIBUNE

Explosion de fécondité ratée

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publié le 12 janvier 2005 à 23h34

Les Nations unies viennent de réaliser une projection de la population des pays du monde jusqu'à l'an 2300. François Héran, directeur de l'Institut national d'études démographiques et membre du panel d'experts appelés par l'ONU à commenter ce calcul, explique l'intérêt de la démarche dans Libération du vendredi 7 janvier. En grossissant démesurément les effets des tendances présentes, cet exercice par l'absurde donne un sens à la recherche de l'équilibre démographique, estime-t-il. Les écarts entre pays peuvent en effet se creuser dans des proportions énormes en trois siècles.

Pour en donner un exemple, Héran compare l'évolution de la France métropolitaine à celle des départements et territoires d'outre-mer. Sur la base d'une fécondité initiale d'environ 1,9 enfant par femme en métropole et de 2,2 dans les DOM-TOM, trois siècles suffiraient à inverser le rapport numérique des deux populations : la métropole ne compterait plus que 21 millions d'habitants contre... 234 millions outre-mer !, affirme-t-il in extenso.

Cela paraît bien gros. Sans mobiliser les Nations unies, ni de puissants ordinateurs, il est facile de vérifier le calcul : pour assurer son remplacement, une génération doit arriver à environ 2,1 enfants par femme. Avec 1,9, la population d'une génération représente 1,9 divisé par 2,1, soit 90 % de la génération précédente. En trois siècles, à peu près dix générations se succèdent. Puisque chacune diminue de 10 % par rapport à la précédente, l'effectif de la dixième