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Libération
TRIBUNE

BHL, prescripteur du Bien et du Mal

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publié le 14 janvier 2005 à 23h38

Le «livre sur BHL» étant en passe de devenir un genre littéraire en soi, chacun peut se sentir libre d’y picorer son spécimen. Le B.A.BA de BHL dressait un réquisitoire implacable en examinant à la loupe les déclarations de l’essayiste (Libération du 2 novembre 2004). Coauteur de la Face cachée du Monde avec Pierre Péan, Philippe Cohen a choisi, lui, d’attaquer la montagne sacrée par le versant de l’investigation journalistique. L’affaire n’était pas gagnée d’avance : à quoi bon consacrer un pavé à la vie d’un personnage dont chacun sait déjà l’essentiel, à savoir qu’il est aussi horripilant que médiatique (et, pour partie, horripilant parce que médiatique) ?

Mais, à l'exception de quelques considérations d'inspiration chevènementiste contre les bobos et la gauche morale, Cohen réussit le pari. Des premières acrobaties à Normale Sup en 1971 au plan-com qui a entouré le roman de sa fille Justine Lévy, on lit sans jamais se lasser l'itinéraire de cet éternel jeune homme devenu à lui seul un véritable trust multimédia, présent dans la télévision, l'édition, la presse, le cinéma. Avec drôlerie, l'auteur narre une myriade d'épisodes où se mêlent petites vanités et grandes souffrances, retraçant minutieusement le jeu des flatteries et services mutuels qui a permis à BHL d'être à la tête d'un énorme réseau d'obligés. Réseau qui, aujourd'hui encore, requiert de sa part une attention de tous les instants, tant il est vrai que, pour qui veut dépasser le quart d'heure warholien, la célé