Le débat sur les quotas relancé par Nicolas Sarkozy suscite des réactions aussi variées que contradictoires. Certains y voient un moyen de rompre avec le dogme absurde de l'immigration zéro, et de poser sur la place publique le fait qu'un pays comme la France a toujours besoin d'un flux régulier de migrants, pour des raisons aussi bien humanitaires qu'économiques, et démocratiquement débattues. D'autres dénoncent au contraire le risque de voir s'instaurer un tri sélectif drastique des immigrés les mieux formés ou aux origines nationales les plus désirables, avec pour conséquence un brain drain néfaste pour les pays pauvres et un renoncement aux valeurs de justice et de solidarité, au seul bénéfice des agents recruteurs des entreprises et des racistes de tout poil.
Disons-le d'emblée : les quotas constituent probablement un des plus mauvais systèmes de régulation de l'immigration, et il est paradoxal de voir de telles propositions resurgir alors que tous les spécialistes (George Borjas aux Etats-Unis, Patrick Weil en France...) ont montré à quel point il fonctionnait mal aux Etats-Unis.
Une des ambiguïtés du débat tient aux références souvent imprécises au cas américain, qui comme toujours sert alternativement de modèle et de repoussoir, sans que l'on se préoccupe de savoir ce qu'il est réellement. Par exemple, les quotas seront-ils définis sur la base de l'origine nationale (par pays ou zone géographique) ou bien en utilisant des catégories fonctionnelles correspondant aux typ