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Libération
TRIBUNE

De l'autre côté de l'écran total

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par Alina REYES
publié le 8 février 2005 à 0h26

Que l'on veuille enseigner l'histoire des religions dans les écoles paraît une idée saine, propre à révéler les liens historiques, philosophiques et littéraires entre des textes sacrés trop souvent perçus par les croyants comme porteurs d'une vérité unique, ou par les non-croyants comme de simples impostures intellectuelles. Mais un malaise se fait jour quand monsieur Sarkozy (un soir sur France 3 dans l'émission Culture et dépendances) insiste sur l'utilité de la religion face à la mort, tout en vantant l'intérêt de cours sur les monothéismes, plutôt que sur la mythologie grecque, qui ne nous sert à rien.

Qui serait donc ce «nous» qui voudrait bien que les religions lui servent à quelque chose, qui serait-il sinon le pouvoir ? Comment peut-on affirmer (après que l'enseignement du grec a été supprimé dans les lycées) que la connaissance d'une civilisation qui a fondé la nôtre ne «nous» sert à rien ?

En maniant l'angoisse de la mort et en jetant aux oubliettes une autre vision du monde, païenne et porteuse d'une lumière unique, notre habile futur présidentiable ne fait que flirter avec l'attrait hypnotique de la foi qui réussit si bien aux puissants d'aujourd'hui. La lumière de Dieu a universellement pris la couleur de l'or noir et plongé le monde dans un état de guerre diffuse et de peur. De toute évidence, les hommes de pouvoir n'ont pas oublié la théorie de Hobbes, selon laquelle la peur est la base du pacte qui lie le souverain à ses sujets. Et la peur, l'angoisse, la terre