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Libération

Harceleurs dans le collimateur

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publié le 8 février 2005 à 0h26

Le délit de «harcèlement moral au travail», créé lors des derniers mois du gouvernement Jospin, repose sur une manière de gérer et de percevoir les liens que nous entretenons avec nos semblables dont on n'a pas encore exploré tout l'intérêt. Pour en comprendre la portée, il faut prendre la peine de lire le best-seller qui a télécommandé cette création légale, Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, de Marie-France Hirigoyen, publié en 1998. Cette psychiatre dévoile l'existence d'un type d'individu particulièrement dangereux, le «pervers», qui, jusqu'alors, aurait échappé aussi bien à la perception courante qu'aux mailles de la justice des hommes. Même si ces êtres ont existé de «tout temps», écrit-elle, «la multiplication actuelle des actes de perversité dans les familles et dans les entreprises est un indicateur de l'individualisme qui domine dans notre société. Dans un système qui fonctionne sur la loi du plus fort, du plus malin, les pervers sont rois. Quand la réussite est la principale valeur, l'honnêteté paraît faiblesse et la perversité prend l'air de débrouillardise». Figure particulièrement terrible parce que vide de toute substance, il est une sorte de «vampire» qui a besoin de l'autre pour lui sucer la substance vitale que lui-même ne possède guère. Ce «pseudo» être humain a besoin de se «brancher» sur l'autre, et «comme une sangsue, essaye d'aspirer sa vie», dit-elle sans détour afin d'être comprise aussi par les esprits les plus rustres. Les con