«La guerre finale pour la liberté humaine a commencé», déclarait Woodrow Wilson en 1917, lors de l'entrée des Etats-Unis dans le premier conflit mondial. L'illustre prédécesseur de George W. Bush considérait que les Américains ne se battaient pas pour de triviales questions de territoire, à l'instar de leurs cousins européens, mais pour défendre la Liberté face à son ennemie du jour, la tyrannie germanique. En évoquant aujourd'hui «l'honorable accomplissement de nos pères», le président des Etats-Unis n'exprime pas seulement des sentiments filiaux complexes, mais également sa foi en «la grande tradition libératrice de la nation américaine». La notion de «destinée manifeste» (manifest destiny), apparue à la fin du XIXe siècle, était d'abord à usage interne : le peuple anglo-saxon était censé disposer d'un droit supérieur à celui des indigènes pour occuper l'espace nord-américain. Woodrow Wilson lui a donné une définition internationale.
L'interventionnisme wilsonien, ce n'était pas simplement s'occuper des affaires des autres, mais obéir à une volonté transcendante : «faire du monde un lieu sûr pour la démocratie», car telle était la vocation de l'Amérique, elle-même née de ce principe. Avec la Seconde Guerre mondiale, Franklin Roosevelt développait l'argument : «Nous combattons, comme nos pères ont combattu, pour défendre la doctrine que tous les hommes sont égaux devant Dieu.» C'était plus qu'un devoir. C'était une mission : «Les peuples libres du monde recherchent notre sou