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Libération
TRIBUNE

Le pirate, alibi major

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par Nicolas CURIEN et François MOREAU
publié le 11 février 2005 à 0h30

Depuis plusieurs mois, les majors de l'industrie du disque martèlent sans relâche, par voie de presse et par voie judiciaire, que le piratage menace la survie de l'industrie du disque et, par là même, celle des artistes. Un tel message est doublement critiquable. D'une part, comme l'ont montré de nombreuses études de terrain, il est loin d'être évident que le piratage soit la cause majeure, ni même un déterminant significatif, de la baisse des ventes de disques enregistrées depuis quelques années : concomitance ne signifie pas causalité ! D'autre part, affirmer que les intérêts des majors du disque et des artistes sont convergents face au piratage est discutable. Les réactions face au récent jugement du procès contre un enseignant «pirate» (1) ont montré que la voie du tout-répressif ne fait pas l'unanimité parmi les auteurs. Si les producteurs et deux sociétés d'auteurs figuraient parmi les parties civiles, en revanche l'Adami (2) et le Spedidam (3) jugent contre-productifs les procès contre les internautes et penchent en faveur d'une licence légale. Il est vrai que le lien entre piratage, ventes de disques, revenus des producteurs et revenus des artistes est plus compliqué qu'il n'y paraît.

En effet, le piratage n'a pas que des inconvénients. Le téléchargement gratuit permet de découvrir de nouveaux artistes ou les nouveaux disques d'artistes reconnus : c'est l'effet d'échantillonnage (sampling). En définitive, le piratage pourrait concourir à une croissance du marché des C