Menu
Libération

Compétitivité à la chinoise

Article réservé aux abonnés
publié le 14 février 2005 à 0h32

A l'occasion des fêtes du nouvel an chinois, presque deux milliards de déplacements sont prévus sur les réseaux de transport à l'intérieur de la Chine. Une partie de ces déplacements internes est le fait de travailleurs migrants qui ont quitté la campagne et se sont installés dans les villes. Ils trouvent là la seule occasion de l'année de retourner chez eux. Chaque année, malgré des obstacles réglementaires nombreux imposés par les autorités, quelque 20 millions de travailleurs chinois supplémentaires passent de l'extrême pauvreté et du sous-emploi ruraux au travail dans les secteurs modernes et urbains. Cet exode rural chinois est sans précédent historique. Ce n'est rien encore : deux tiers de la population chinoise vivent à la campagne, ce qui signifie que, pour que la population rurale tombe à 10 % de la population totale, une migration supplémentaire d'environ 800 millions est à prévoir. En comparaison, c'est seulement 60 millions d'Européens qui migrèrent au XIXe siècle et redessinèrent ainsi la carte économique mondiale.

Les effets de l'exode rural chinois se font sentir bien au-delà des frontières de la Chine car, en passant dans les villes, c'est 20 millions de travailleurs supplémentaires qui s'intègrent à l'économie mondiale chaque année. L'économie chinoise est, en effet, exceptionnellement ouverte pour sa taille et son niveau de développement : les exportations constituent un tiers du PIB et croissent à un rythme de 25 % l'an. D'autant que, comme l'a montré Sandr