Nina de chez Nina Ricci, et plus précisément la direction de sa division parfumerie, annonçant lundi 198 licenciements pour raisons économiques, tandis que le Parisien publiait un document révélant, sous la forme d'un barème à points, quels critères présideraient au tri du bon grain salarié et de l'ivraie à faucher. Donnons acte à Nina qu'elle n'a pas inventé le procédé dit «à la tête du client» : dans mille boîtes, les DRH fichent (elles disent : «évaluent») depuis belle lurette le salarié. Nina cependant innove en ceci qu'elle énonce noir sur blanc des paramètres que le code du travail et la négociation d'ordinaire humanisent. Ici, il semble que la logique comptable, et elle seule, via un ordinateur remplisse les charrettes, avec pour essentiel critère la situation de famille ce si opportun révélateur du bien et du mal, de la vertu reproductrice et du vice célibataire. Mâtiné d'un peu de prime au handicap et à l'ancienneté parce qu'il faut ce qu'il faut, le barème de Nina accorde ainsi 4 points au célibataire sans enfant, et 18 à l'allocataire de trois chérubins. Et ceux qui prennent le moins de points prennent aussi la porte. Dans la gueule, la porte... La jeunesse salariée du parfumeur appréciera cette politique, qui donne à l'entreprise des airs de société de bienfaisance très XIXe siècle, façon, au choix, bazar de la Samaritaine, Prix Cognac-Jay ou rosière de Maupassant... Elle ne doit pas en subir assez, la jeunesse vierge d'enfants et impécunieuse, dans ses démêlés
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