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Libération
TRIBUNE

Gaymard sur les plates-bandes de la gauche

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publié le 16 février 2005 à 0h36

La gauche qui a beaucoup attaqué Nicolas Sarkozy lorsqu'il était à Bercy devrait se méfier de son successeur, Hervé Gaymard. Le nouveau ministre de l'Economie et des Finances pourrait lui créer des problèmes autrement plus redoutables que le vibrionnant show man exilé à l'UMP.

Car Hervé Gaymard a tout simplement annoncé un virage à 180 degrés de la politique fiscale du gouvernement Raffarin. Jusqu'à présent, la veine libérale avait, de Francis Mer à Nicolas Sarkozy, présidé aux baisses d'impôts. En 2003 et 2004, les réductions (10 % au total) de l'impôt sur le revenu, les niches fiscales caricaturales, comme les emplois à domicile, et la réforme de l'ISF, avaient bénéficié en priorité aux classes les plus favorisées. Hervé Gaymard se propose de faire l'inverse : concentrer les baisses sur les premières tranches de l'impôt et sur les bénéficiaires de la prime pour l'emploi. L'enveloppe de la redistribution fiscale devrait se situer aux alentours de 6,4 milliards d'euros sur deux ans, 2006 et 2007.

Cette fois-ci, le nombre de contribuables concernés est considérable : 12,7 millions de personnes bénéficient de la prime pour l'emploi (PPE). Et 7 millions de foyers fiscaux sont situés dans les deux premières tranches de l'impôt sur le revenu. Au total, il s'agit de plus de la moitié des contribuables du pays (la PPE est un «impôt négatif»).

La presse (y compris Libération) avait évoqué l'idée de «classes moyennes». C'est presque une erreur : sociologiquement, tout le monde a l'impre