Dans nos sociétés prétendument si développées, pourquoi l'arrivée d'un «heureux événement» devrait-elle rimer avec galère et injustice sociale ? Le déficit criant de l'accueil de la petite enfance et son coût très élevé constituent à la fois un casse-tête et un casse-tirelire pour les parents. Cette situation pénalise les femmes, notamment dans leur parcours professionnel, et les familles les plus modestes. Elle creuse ainsi un peu plus les inégalités sociales, dans la quasi-indifférence des pouvoirs publics.
Ce désintérêt trouve en partie son explication dans la hiérarchie traditionnelle des questions politiques. L'accueil des petits, voilà un sujet de vie quotidienne, plutôt considéré comme relevant du privé et donc mineur. La gauche elle-même a souvent manifesté un profond dédain pour les politiques familiales au lieu de proposer une autre logique au corpus hétéro-patriarcal brocardé par la droite. S'ajoute le contexte plus général de la double logique de fond qui vise à réduire toujours plus les dépenses publiques et le champ d'action du service public. Surtout, l'accueil de la petite enfance reste l'apanage des collectivités locales qui décident de s'y intéresser, à l'image de Paris qui en a fait depuis 2001 l'un des fers de lance de son programme de mandature. Or les collectivités locales dans un cadre budgétaire rendu encore plus difficile par la décentralisation version Raffarin, sans compensations financières ne pourront assumer seules la mise en place d'un vérita