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Libération

Au bonheur des voleurs d'âmes

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publié le 22 février 2005 à 0h41

Chacun sait que les gens ne sont pas vraiment libres, que nous sommes influencés les uns par les autres, de l'éducation que nous recevons de nos parents jusqu'aux doctrines que nous apprenons, sans parfois nous en rendre compte, des églises officielles. Même les romans exercent, semble-t-il, des effets décisifs sur la vie des gens, poussant ainsi don Quichotte à se livrer à des combats contre des moulins à vent. On sait aussi que ces «presque choix» nous amènent à faire quelques bêtises qu'on regrette plus tard, comme se marier avec une personne qui ne nous convient pas ou suivre des études qui nous déplaisent afin de contenter nos parents.

Mais on dit également, peut-être seulement pour se consoler, que ces bêtises sont aussi des leçons, qu'elles nous révèlent bien des choses sur nous-même, ne serait-ce que l'ampleur de notre naïveté. De plus, parmi ces «presque choix», tout un chacun sait distinguer entre être obligé de donner son sac à un voleur qui vous menace d'un revolver, et s'endetter chez Cartier afin de satisfaire les désirs de diamants d'un beau danseur.

On dit que, dans le premier cas, on ne choisit guère, tandis que dans le second on choisit bel et bien, en dépit des regrets que nous pouvons avoir par la suite. Ces dettes-là sont le prix de notre liberté et nous ne voudrions pour rien au monde que Cartier ne vende plus de bijoux à ceux qui s'endettent pour les acheter.

Or il semble que, de nos jours, le fait d'entrer dans une secte ou devenir le patient d'un escroc