Tout le monde veut l'Europe. Même ses adversaires les plus constants, les plus anciens, les plus agressifs, n'osent se déclarer clairement contre elle : eux aussi veulent l'Europe, disent-ils, simplement pas celle-là. Il n'y aurait rien de choquant, pourtant, à assumer l'hostilité, comme cela se fait ailleurs, à dire que la nation a de beaux jours devant elle, qu'elle peut survivre et prospérer, dans la paix, sans se soumettre au joug d'une organisation communautaire. Une telle position serait combattue par tous les proeuropéens, mais nul ne lui contesterait dignité et panache. Personne, pourtant, n'ose la défendre ainsi, et même les extrêmes, droite et gauche, d'ordinaire peu enclins aux précautions ou euphémismes, n'assument pas jusqu'au bout la vérité de leur refus.
Cela n'est pas nouveau, mais ce qui l'est davantage c'est que les rangs des hypocrites se soient soudainement grossis d'inattendus renforts. Que la CGT ait fini par reprendre à son compte le refrain habituel des communistes n'a rien qui puisse surprendre, tout au plus décevoir au regard des efforts courageux d'un Bernard Thibault. Mais qu'il se trouve des socialistes ou des écologistes pour le chanter à leur tour est un peu plus crispant.
Car la réalité est des plus simples : quand la Constitution européenne qui va être soumise à référendum ne change rien, elle ne change rien, et quand elle change quelque chose, c'est pour améliorer, qu'il s'agisse de l'énoncé des valeurs, du renforcement des parlements nationau