Evidemment que l'Europe a permis de construire la paix entre des Etats qui, longtemps, se sont fait la guerre. Evidemment que l'Europe a besoin d'une Constitution pour fonder, face au pouvoir économique et financier européen, la légitimité d'un pouvoir politique démocratique. Evidemment que l'Europe est, contre tous les populismes et souverainismes, la forme d'une nouvelle association de citoyens. Evidemment que, dans ce mouvement général de positivité, le penchant naturel serait de voter oui à la Constitution européenne. Et pourtant ! Tout bien réfléchi, c'est-à-dire, en ayant à l'esprit l'Europe démocratique pour exigence, il faut opposer un non tranquille au projet actuel de Constitution européenne. Pour deux raisons principales.
La première de ces raisons, la plus banale sans doute, est que le peuple a le droit de voter oui ou non à un référendum ! Et, puisque chacun veut s'accorder pour distinguer référendum et plébiscite, le choix dépend de l'appréciation portée sur le sujet précis soumis au vote. Or, ici, le sujet n'est pas Chirac, Hollande ou Fabius ; il n'est pas davantage la France ou l'Europe ; il est un texte qui, par ses 448 articles, dessine une figure constitutionnelle particulière pour l'Europe. Ou cette figure convient, et on vote oui ; ou elle ne convient pas, et on vote non. Ainsi, les électeurs qui ont voté contre la Constitution de 1958 étaient ni antifrançais ni contre une Constitution pour la France ; ils voulaient seulement une Constitution plus équili