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Libération
TRIBUNE

Jésus-Christ, super tarte.

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publié le 28 mars 2005 à 1h10

La mise en garde des fidèles qui a été faite par les autorités vaticanes, contre le roman de Dan Brown Da Vinci Code, masque l'essentiel. Il ne faut pas voir dans ce roman une mise en scène digne des plus habiles réalisateurs de cinéma. Il ne faut pas y voir non plus un complot contre l'Eglise. La vraie question n'est pas le fond, plutôt grotesque, de ce livre, mais le symptôme qu'il est. Son succès planétaire, au-delà du folklore new-age qu'il véhicule, interroge l'homme contemporain dans ce qu'il a de plus inédit historiquement. L'époque actuelle, en effet, est marquée par la victoire de la sexualité sur le désir. Or, tout le livre repose sur la confusion entre la sexualité, le pouvoir et le sacré. La faveur dont jouit Da Vinci Code n'est-elle pas liée à la mise en scène de la supposée révélation de la sexualité du Christ ? Quel est l'enjeu de la réactivation du mythe ­ exploité par la quincaillerie ésotérique tournant autour du souvenir de l'abbé Saunière ­ selon lequel Jésus et Marie-Madeleine auraient engendré des enfants ?

L'affirmation des relations sexuelles de Jésus entre en contradiction avec les récits des Evangélistes et l'enseignement de l'Eglise. Il est vrai que, complaisant avec le conspirationnisme à la mode (pour qui le grand nom du grand manipulateur est tantôt le Vatican, tantôt Israël, tantôt le néolibéralisme, tantôt le Medef, etc.), Dan Brown renvoie la dénégation multiséculaire de ce prétendu fait historique à un complot du Vatican, en dépit de l'inexis