Le pays serait morose. Une petite brise de contestation sociale lui a toutefois redonné un air enjoué. Rien à voir avec «la positive attitude» que Jean-Pierre Raffarin a emprunté à Lorie, «philosophe» de maternelle, en paravent de sa conservatrice attitude. Les lycéens ne s'y sont pas trompés qui ont renvoyé ce marketing jeuniste à la sénilité publicitaire de ses concepteurs. Le conservatisme de nos gouvernants alterne alors le bâton du détricotage libéral des services publics et les carottes râpées d'infimes augmentations salariales saupoudrées sur la salade de l'austérité budgétaire.
On peut préférer la mélancolie critique d'Alain Souchon dans Foule sentimentale. «Oh la la la vie en rose/le rose qu'on nous propose/d'avoir les quantités d'choses/qui donnent envie d'autre chose.» Contre le chloroforme de la marchandisation du monde, ses inégalités, ses violences, une envie d'ailleurs nous saisit encore. «On nous inflige/des désirs qui nous affligent.» Appauvris de sens par la commercialisation de nos désirs, nous nous tournons vers le passé de nos imaginaires, quand changer la vie semblait possible. Non pas pour nous enfermer dans le culte d'hier, dans une nostalgique attitude, mais pour réinstaller l'horizon de mondes différents à venir. «Un mieux, un rêve, un cheval.» Au coeur de notre présent mélancolique : un autre passé pour un autre avenir.
Notre mélancolie révèle des sonorités européennes. Nous nous sentons pleinement européens, parce que c'est une étape vers la Républi