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Libération
TRIBUNE

Derrière le social, la nation

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publié le 20 avril 2005 à 1h50

Partout en Europe, les choses semblent claires : les adversaires de la Constitution sont les souverainistes refusant que la nation cède une part d'indépendance. C'est le cas des conservateurs britanniques identifiant la défense de la Grande-Bretagne au marché le plus radical, et des partis populistes d'extrême droite défendant leurs racines à l'abri des Etats et des barrières qui les protègent. C'est aussi le cas des communistes historiques reprenant en main une CGT trop séduite par la Confédération syndicale européenne ; sur ce plan, rien n'a changé sauf la rhétorique, l'antilibéralisme remplaçant les «revanchards allemands». Pour le reste, les partis libéraux, les partis socialistes et la plupart des syndicats acceptent un projet de Constitution, sans doute imparfait, mais certainement plus démocratique et pas moins social que ne le furent les traités successifs, y compris de traité de Nice, qui nous régissent et qui resteront si le non l'emporte.

Partout, les choses semblent «normales», sauf en France où s'installe un non de gauche identifié au refus du libéralisme sauvage, à la défense du service public et des acquis sociaux arrachés au fil de l'histoire et de ses luttes. En France, les revendications et les inquiétudes sociales traditionnellement portées par la gauche basculent vers la défense d'une identité nationale : le social devient national. On peut penser que la «spécificité française» suffit à comprendre et à justifier cette bizarrerie. On peut aussi se demander