On nous serine que «l'Europe a toujours été bénéfique pour les femmes». Il paraît même que «les femmes le savent bien». Si bien d'ailleurs que, selon les sondeurs, elles sont nettement plus enclines que les hommes à voter contre le projet de Constitution européenne... C'est vrai, l'Europe a eu le mérite d'adopter, dans les années 1980 notamment, des directives et des programmes contre les discriminations sexistes, dans le domaine de l'emploi en particulier. Vingt ans plus tard, le résultat n'est certes pas très visible. Le projet de Constitution européenne permettra-t-il d'avancer sur le terrain des droits des femmes, comme les tenants du «oui» l'assurent ? A y regarder de près, le projet de Constitution sent bon l'arnaque. Au-delà de l'affirmation de principe, «l'égalité entre les hommes et les femmes» promue aux rangs de valeur et d'objectif de l'Union est en réalité fortement compromise.
Comme souvent dans ce texte, les bons principes énoncés dans les parties I et II sont de fait invalidés par les règles économiques scellées dans la partie III. Pire, en matière d'autonomie des femmes, la contradiction se trouve d'emblée : le droit à disposer de son corps n'est pas reconnu comme liberté fondamentale. Mais comment peut-on parler d'égalité entre sexes sans accès à la contraception et à l'avortement ? Maîtriser sa fécondité est le préalable indispensable à toute émancipation des femmes. Or, en Irlande, en Pologne, au Portugal, à Malte et à Chypre, les femmes n'ont pas le droit