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Libération
TRIBUNE

Un oui de coeur

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publié le 17 mai 2005 à 2h13

Au secours, ils sont revenus ! Les Le Pen, Besancenot, Villiers, Emmanuelli et Mélenchon... On avait cru pouvoir se passer d'eux jusqu'en mai 2007, et patatras! un référendum inattendu survient et ils pérorent, intempestifs, sur nos écrans, assènent leurs immuables certitudes dans la presse, fiers de leur trouvaille du non à l'Europe. Ils argumentent peu, mentent beaucoup comme l'affirme Jacques Delors, en revanche, ils dégainent vite : les alinéas, la petite phrase oubliée, le mot sujet à contentieux du texte du traité. Ils tronçonnent, grattent, déchiquettent, sortent un mot vénéneux en feignant d'oublier son contexte, comme son antidote décrit à l'article suivant. Face à eux, il faut apprendre à compter, répondre que le traité contient 89 fois le mot «social» quand ils vous lancent à la figure qu'il recèle 27 fois le mot «concurrence». Les débats télévisés s'émaillent de joutes procédurières comme si l'on se trouvait dans un tribunal des réconciliations impossibles où les plaignants surviennent avec leurs dossiers ficelés, leurs attendus, leurs constats d'huissier. Semblant priser, au-delà de tout, l'antagonisme, le conflit systématique, l'opposition de principe, on peut s'étonner que les champions du non n'aient pas encore attaqué les virgules et la ponctuation du traité! Face à l'ampleur du pacte historique proposé, on attendait l'imagination au pouvoir : ils nous servent une désarmante comptabilité d'épiciers.

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