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Libération
TRIBUNE

Le non pour réintégrer le champ politique

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publié le 24 mai 2005 à 2h18

Sur le projet de Constitution européenne soumis au référendum du 29 mai, aucun argument technique ou juridique n'est plus guère susceptible de décider à répondre oui ou non. Il suffit pour s'en convaincre d'observer que la majorité des Français risquent de le refuser pour excès de libéralisme et de timidité politique, et les Anglais pour les raisons inverses. Il est donc clair que le choix procédera d'autres raisons que la rédaction du traité lui-même. Lesquelles ? A suivre les arguments des uns et des autres, difficile de ne pas être perplexe. Mis à part Jean-Marie Le Pen, chacun surenchérit sur sa foi européenne. Personne non plus ne s'affiche résolument «libéral». Tout le monde se veut «social» et défenseur des services publics. Tous nos hommes politiques proclament que leur souhait le plus cher est de construire une véritable Europe politique, seul moyen de faire pièce à l'unilatéralisme américain. De même, il est difficile de savoir qui est le plus hostile à la directive Bolkestein. Et la même chose est vraie du traité de Nice, aussi universellement décrié aujourd'hui qu'encensé hier.

Ce qui frappe dans le débat en cours, c'est l'extraordinaire fonds de pessimisme qu'il trahit. Pour les partisans du non, et non sans de bonnes raisons, la construction européenne actuelle n'est qu'une machine à briser les services publics, à faire chuter les salaires et à annihiler toute capacité de résistance européenne à la pénétration des fonds de pension américains et à la politique de