«Tout homme est une guerre civile», disait Saint-Exupéry. Chacun de nous est partagé en lui-même entre des sentiments contradictoires. Chaque militant de la gauche réformiste a éprouvé cette dualité d'opinions quand il a dû arrêter son choix définitif pour le référendum. Au fond de soi-même, chacun a balancé entre le oui et le non, hésitant entre ces deux réponses également possibles. Selon qu'il envisageait la Constitution européenne plutôt au regard des progrès de la démocratie et des droits de l'homme ou plutôt sous l'angle de ses insuffisances économiques et sociales.
Chaque militant ayant pu se sentir partagé en son for intérieur, il en a été naturellement de même au sein de chaque parti. Qu'il s'agisse du Parti socialiste, du Parti radical de gauche ou des Verts, chaque formation a organisé un référendum interne, qui s'est traduit par la victoire du oui. Et, malgré cela, chaque parti a vu ses élus et adhérents se scinder pendant la campagne du référendum national, certains appelant à voter oui, d'autres à voter non. Résultat : chacune de ces trois formations connaît actuellement une division en son sein même.
Peut-on en rester durablement à cette division interne, en campant de part et d'autre sur de bons arguments ? Les partisans du oui peuvent accuser les tenants du non d'avoir transgressé la décision collective arrêtée par les militants et enfreint la discipline de parti. A l'inverse, ceux-ci peuvent reprocher à ceux-là de n'avoir pas été assez attentifs aux électeurs