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Libération
Critique

Vivifiante nécrologie

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publié le 2 juin 2005 à 2h26

Les morts ont décidément une vie bien remplie. Ou du moins leurs dépouilles. Aux Etats-Unis, par exemple, celles-ci permettent de former des apprentis chirurgiens au lifting, déterminent les limites de résistance du corps humain lors d'un accident de voiture, reconstituent le déroulement d'une catastrophe aérienne en l'absence de boîtes noires ou mesurent l'efficacité des nouveaux gilets pare-balles. Au passage, les morts sont parfois démembrés, dépecés, projetés, congelés, lyophilisés, fragmentés... Mais pour autant, jamais ils ne se plaignent. Car ils ont une indéniable qualité : ils ne souffrent pas. Aux yeux de la journaliste américaine Mary Roach, il n'en faut pas davantage pour les qualifier de «superhéros». Elle leur consacre ainsi son premier ouvrage, intitulé sobrement Macchabées («Stiff»). Avec un humour décapant et force détails, elle y raconte «les grandes réussites accomplies dans la mort». Autrement dit, le sort de ces corps légués à la science, hier et aujourd'hui.

Depuis deux mille ans, en effet, les cadavres participent aux expérimentations les plus audacieuses. Pour la guillotine, invention française conçue comme une alternative plus humaine à la pendaison, ou pour la ceinture de sécurité, ils étaient là. Disséqués dans les amphithéâtres des écoles de médecine ou dans le secret des laboratoires, ils ont permis de formidables avancées. Et de nos jours encore, des scientifiques ne peuvent se passer de leurs services. Macchabées, c'est donc un long reportage da