Selon un sondage CSA-l'Expansion-France Inter réalisé en octobre 2004, 88 % des Français considèrent que les délocalisations constituent un «phénomène grave» et 35 % que leur «emploi ou celui d'un proche» est susceptible d'être délocalisé. Une partie des délocalisations se faisant vers de nouveaux pays membres de l'Union européenne (UE), il ne faut pas s'étonner qu'elles se soient imposées dans le débat sur le référendum. Une autre justification est que ce phénomène concentre toutes les inquiétudes sociales face au mouvement plus général de la mondialisation. Dans ce débat, les politiques reprochent aux économistes de s'appuyer sur des raisonnements dépassés, dès lors qu'ils minimisent la portée du phénomène. C'est mal connaître les débats au sein de la profession, illustrés par la récente controverse entre Paul Samuelson et Jadish Bhagwati.
Samuelson, à la recherche d'un argument logique opposable aux statistiques relativisant l'impact des délocalisations, propose un cadre de réflexion simple à deux pays, Etats-Unis et Chine, ne disposant pas, au départ, de la même technologie pour produire deux biens (ou services). Le prix Nobel d'économie 1970 procède alors à trois expériences. D'abord, le passage d'une situation d'autarcie à celle de libre-échange fait apparaître un gain pour les deux pays : c'est le paradigme classique de l'échange international. Dans une deuxième expérience, un progrès technique apparaît en Chine dans la production où ce pays disposait d'un avantage ini