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Libération

L'euro et les plombs de Sarkozy

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publié le 10 juin 2005 à 2h33

Au tour de l'euro, maintenant. A-t-on bien entendu ? L'euro serait menacé. Ça commence dès le lendemain du 29 mai par une allusion au coeur d'un article du Monde, puis deux, puis trois les jours suivants. On relit. On aura mal lu, sans doute. Un ministre italien demanderait le retour à la lire. Une note confidentielle allemande s'interrogerait. A Bruxelles, un porte-parole a démenti formellement. Mais ce ne sont que quelques lignes. Comme si ces murmures, ces démentis, étaient lointains, irréels. Comme s'ils pouvaient rester à l'état gazeux de grognements ou de bouderies. Comme si l'été ensuite pouvait les ensabler, et en septembre tout recommencerait comme avant. D'ailleurs si les médias y croyaient vraiment eux-mêmes ils en feraient la une.

Puis la rumeur semble s'amplifier. On tombe par hasard sur un débat de LCI : l'euro est-il menacé ? Des consommateurs appellent : depuis l'euro, la vie est bien trop chère. «Tous les appels vont dans le même sens», renchérit l'animatrice. Dès que la télé s'en mêle, avec son arsenal de débats binaires et d'appels en direct du pays réel, on dirait que le débat prend davantage de consistance. Où est-on ? C'est la question la plus angoissante de l'après-29 mai, et les médias semblent incapables d'y répondre. Où sommes-nous ? Dans quelques craquements, bientôt recouverts par le bruit des vagues, ou au début d'une déconstruction longue, imprévisible, certainement chaotique, qui demain peut emporter l'euro, et après-demain Dieu sait quoi ? Où s