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Libération
TRIBUNE

Paris, Berlin, disputez-vous !

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par Ulrike GUEROT
publié le 13 juin 2005 à 2h34

Disons-le d'emblée : oui, il faut plus de coopération franco-allemande ! Indépendamment du non français, le couple franco-allemand reste stratégique, primordial, et essentiel pour l'Europe. Il est toujours la condition sine qua non pour le progrès de l'intégration européenne. Rien ne se fera sans ou même contre la France, rien sans ou contre l'Allemagne, ou contre les deux pays. Le tandem franco-allemand reste la condition nécessaire ­ quoique insuffisant ­ de l'avenir de l'Europe.

Mais la France et l'Allemagne doivent retourner au coeur de l'Europe et sortir de leur marginalisation intellectuelle et conceptionnelle croissante. La France et l'Allemagne (et, que l'on le veuille ou non : la France plus que l'Allemagne) sont perçues comme un ensemble antilibéral, antiélargissement et antiaméricain. Les deux pays ont perdu leur crédibilité et l'autorité morale de leur leadership en Europe. L'attitude du couple ces trois dernières années est devenue celle d'un trouble-fête : d'accord pour que l'Europe s'élargisse, mais pas à nos frais. Sinon, on se retire dans une intimité encore plus profonde mais hélas contre-productive, et hautement perturbante pour l'Europe ! La fameuse idée d'une «union franco-allemande» a rôdé assez longtemps dans le débat. Le problème est que ce projet d'Union n'a pas le parfum de quelque chose de bénéfique pour l'Europe tout entière, mais l'odeur pesante d'un droit à l'exclusivité. Le trop d'intimité est une partie du problème plutôt que la solution. Et, i