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Libération

Textile, une leçon de pragmatisme

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publié le 13 juin 2005 à 2h34

Décidément, ces Anglais sont étonnants ! Après deux mandats durant lesquels le gouvernement travailliste de Tony Blair a instauré un salaire minimum et créé 600 000 emplois publics, après la victoire électorale d'un programme prévoyant entre autres une très vive augmentation des dépenses publiques de santé, c'est au tour du commissaire européen (anglais) Peter Mendelson de se réjouir de l'accord conclu entre l'Union européenne et la Chine limitant les exportations chinoises de produits textiles. L'Europe défend ainsi une forme de protectionnisme «soft» : l'accord prévoit que la hausse des ventes de dix types de produits ne pourra dépasser 8 à 12 % par an jusqu'en 2008. Il permet donc de protéger, durant quelques années, l'industrie textile européenne du déferlement annoncé de produits textiles à bas prix. Les faits sont têtus mais les images plus tenaces encore : en France, une certaine paresse de la pensée continue à définir le Parti travailliste comme «libéral», et cette épithète suffit à le disqualifier. Ce paradoxe apparent mérite pourtant qu'on s'y attarde. Car, en défendant au nom de l'Europe un protectionnisme temporaire, Peter Mendelson nous donne surtout une magistrale leçon de pragmatisme. Reste à savoir que faire du temps que durera cette protection...

On ne le répétera jamais assez : la promotion du libre-échange nécessite la mise en place de politiques résolument sociales. Car si le commerce entre deux pays bénéficie à chaque pays dans son ensemble, le bénéfice n