Avant de crier haro sur le contrat à durée indéterminée (CDI), les économistes libéraux et les responsables patronaux, qui rêvent de le remplacer par une sorte de contrat à durée déterminée (CDD) dont la date de fin serait laissée en blanc, feraient bien de prendre le temps de la réflexion. On connaît leur proposition, reprise par les rapports Cahuc et Camdessus : fusionner CDI et CDD en un contrat unique, que l'employeur pourrait rompre à sa guise. Le «contrat nouvelle embauche» que vient de lancer Dominique de Villepin, avec sa période d'essai de deux ans, est un pas vers cette fusion.
Cela favoriserait l'emploi, argumentent les défenseurs de ce dispositif, car les entreprises hésitent à embaucher, par crainte de ne pouvoir mettre fin au CDI le jour où la conjoncture se retourne. Les salariés pourraient même y gagner, ajoutent-ils, car le niveau d'indemnisation et les conditions de reclassement seraient améliorés. Cela permettrait de faire de la «flexicurité» à la mode danoise.
Une mesure de bon sens ? Une simplification juridique anodine ? Loin de là. Car cela changerait profondément la nature du contrat de travail, très particulière dans le droit social français. A terme, c'est la relation de travail elle-même qui pourrait s'en trouver modifiée. La définition du contrat de travail est une petite merveille de langue de bois juridique. Le code du travail (article L. 121.1) ne dit rien de sa nature, mais indique simplement qu'il «peut être constaté dans les formes qu'il convi