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TRIBUNE

La foire aux cerveaux

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L'harmonisation des diplômes à l'échelle européenne limite l'intelligence à un produit marchand.
par Cédrick Allmang, professeur en classes préparatoires aux concours d'entrée des ENS Lyon et Ulm.
publié le 17 juin 2005 à 2h38
(mis à jour le 17 juin 2005 à 2h38)

Le «combien ça coûte» ou plutôt «combien ça rapporte» de l'intelligence secoue les vénérables structures de l'enseignement supérieur français. Derrière la réforme LMD (licence, master, doctorat) visant à harmoniser les diplômes à l'échelle européenne, voire mondiale, nous assistons autant à une marchandisation de l'intelligence, qu'à une véritable guerre pour son industrialisation (au sens productiviste) et sa commercialisation.

En effet, depuis quelques années, tous les établissements européens d'enseignement supérieur tentent leur harmonisation pour aboutir à une norme qualitative qui permette d'opérer un classement efficace. A terme, cela devrait aboutir à une espèce de bourse aux diplômes, avec suffisamment de clarté pour permettre aux étudiants de s'orienter dans ce qui reste aujourd'hui une brousse touffue.

La plupart, pour ne pas dire tous les Etats, organisent déjà leurs filières autour d'une dualité structurelle, avec, d'une part, des filières communes ou peu sélectives et, de l'autre, ce que certains détracteurs appelleraient des filières «élitistes». En France, cette double structure correspond aux universités, d'un côté, et aux grandes écoles, de l'autre. Cette classification est d'ailleurs extrêmement floue puisqu'elle met en évidence la très grande diversité des formations (notamment en terme de qualité), des cours proposés à l'université, mais aussi des niveaux des «grandes écoles», qui, malgré le classement périodique de la presse économique, ne correspond pas