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Libération

Otages, le récit et le «no comment»

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publié le 17 juin 2005 à 2h38

Et Florence revint, raccommoder quelques heures la famille déchirée. Quel feu d'artifice d'images et d'émotions ! Les patrons Serge et Antoine sur tous les écrans, les duplex en direct de Libé tout le dimanche, effusions, embrassades, champagne, et cette jolie phrase captée au vol dans un journal effervescent : «On a mal aux lèvres à force d'avoir souri.» Et encore les éclats de rire de la rédaction, qui regarde la conférence de presse de Florence sur LCI. Il y a des semaines où le chroniqueur médias, méfiant par nature à l'égard des ébullitions et des unanimismes, aimerait passer son tour. Ou parler d'autre chose. L'Europe, par exemple. Allez, en cherchant bien, on ne pourrait pas trouver un sujet sur l'Europe, cette semaine ? Ces médias français qui jouent le jeu de Chirac, en déplaçant le projecteur sur Blair et son chèque, la main gentiment guidée par l'Elysée. Ce serait si pratique. Cela éviterait cette chronique impossible.

Mais c'est justement pour cette raison, parce qu'on aimerait parler confortablement d'autre chose, qu'il faut parler de cela. Disons d'abord, même si ça va sans dire, la joie de l'épilogue heureux. De ce retour tout en élégantes pirouettes, mutismes éloquents, silences qui découvrent des bouches d'ombre, rire et effroi enlacés dans les mêmes mots. Quel talent, quel enviable talent, de faire rire du plus sombre cauchemar. La belle bleue, la belle rouge, la belle noire ! Tu as entendu quand elle a parlé du «doctor» et de ses pilules antimal de ventre,