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Libération

Générosité de façade

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publié le 20 juin 2005 à 2h40

Les ministres des Finances du G8 ont annoncé, lors de leur sommet des 7 et 8 juin, l'annulation totale de la dette multilatérale (due à la Banque mondiale, au FMI et à la Banque africaine pour le développement) de 18 pays très pauvres, presque tous africains. L'accord a été qualifié d'«historique» lors de la conférence de presse en clôture du G8, et le chanteur Bob Geldof décrit l'initiative comme «l'amorce d'un changement radical, un début de réponse aux attentes des pays du Sud» (Libération du 18 juin).

Cette décision représente en effet une étape dans un long processus de négociations sur les modalités de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres et les plus endettés, entamé en 1996. Les pays potentiellement bénéficiaires d'une annulation dans le cadre de ces négociations sont les 38 pays classifiés HIPC (highly indebted poor countries), dont la dette extérieure est tellement élevée que le total des exportations du pays représente moins des deux tiers de la valeur annualisée de la dette et où le PIB annuel par habitant est inférieur à 800 dollars. Paradoxalement, des pays très pauvres mais pas «assez» endettés (comme l'Inde, le Bangladesh, l'Indonésie ou le Pakistan) ne peuvent pas être candidats à l'annulation de leur dette. La décision du G8 ne concerne pour l'instant que 18 des 38 pays HIPC, parce que chaque pays doit négocier son annulation et que tous les pays ne sont pas prêts. La dette annulée représente 40 milliards de dollars (55 milliards dans dix-huit m