Les micro-trottoirs sont une plaie du journalisme. Ils n'apprennent rien à personne, sont erronément révélateurs. Il existe, grosso modo, deux types de micro-trottoirs, dont les manques d'intérêt respectifs se disputent l'un à l'autre.
Les uns consistent à obtenir confirmation de ce que l'on sait déjà. En cas de canicule, par exemple, à demander aux passants s'ils souffrent de la chaleur : on apprendra alors, comble de miracle, que certaines personnes, oui, oui, souffrent de la chaleur, que d'autres, au contraire, s'en accommodent fort bien et que d'autres, enfin, ne se posent pas la question.
De même, lors du décès d'une personnalité : «C'est une terrible nouvelle, je suis encore sous le choc, je n'ai pas dormi de la nuit», d'une part ; «Je compatis à la souffrance de la famille et des admirateurs du défunt mais, pour parler franchement, non, ce décès ne m'atteint pas», d'autre part... Fort bien, mais encore ? On se doute que certaines personnes souffrent de la chaleur et d'autres moins, que certaines personnes souffrent d'un décès et d'autres moins ! On comprend l'intention : «humaniser» l'information, la rendre plus proche, moins brute. L'«illustrer», en somme.
Ce souci est légitime, par exemple, dans un reportage consacré à une ville dévastée par des bombardements : le journaliste entend alors démontrer les effets d'un événement sur le vécu des gens. On a beau se douter, dans ce cas, de ce que dira le quidam interrogé («C'est horrible» ; «Je vis un enfer»), son témoignage,