Une fois pour toutes, il est important de tordre le cou à une idée fausse : depuis les réformes Aubry de la fin des années 90, «prendre un emploi » est toujours plus avantageux que de rester «allocataire du RMI». Les RMistes ne le sont pas par choix : s'ils ne travaillent pas ce n'est pas parce qu'ils estiment que l'emploi n'est pas assez rémunérateur mais bien parce qu'ils n'en ont pas trouvé et n'ont plus l'espoir d'en trouver un. Le chômage de masse explique l'essentiel de la pauvreté persistante : la pénurie d'emplois implique plus de chômeurs et donc plus de pauvres. Pour rompre ce cercle vicieux, le gouvernement français avait opté au début des années 90 pour des réductions de charges patronales incitant les employeurs à embaucher à temps partiel : plus d'individus travaillent, mais certains pour des durées plus courtes. Puis c'est la voie de la réduction collective du temps de travail qui a été choisie : cette fois-ci, plus d'individus travaillent, mais tous réduisent leur temps de travail. En théorie au moins, cela devait permettre de répartir l'emploi plus équitablement et interrompre un partage du travail concentré sur les moins qualifiés et les femmes. La fin des 35 heures et les réflexions autour de l'activité des plus pauvres laissent présager que l'on s'engage à nouveau dans la voie du temps partiel inique.
Qui peut croire qu'un smicard à mi-temps vit de son emploi ? D'une pauvreté sans emploi, on passe à une pauvreté au travail, puisque désormais l'emploi n'est