Qu'un événement à forte charge émotionnelle se produise et il est rare aujourd'hui de ne pas trouver un ministre sur les lieux. Chacun dans son style veut faire acte de présence afin de témoigner sa solidarité auprès des victimes. La posture doit être immédiate tant l'émotion se propage vite. Aucun responsable politique ne veut paraître complice du mal frappant des victimes. Ce qui compte est de réagir : paraître sur la scène, demander la plus grande fermeté à la justice, marquer sa détermination. La communion dans la réprobation fait office d'acte politique. Il faut instantanément afficher des intentions pour convaincre l'électeur de demain et l'opinion du moment. On dira que cette présence n'est pas qu'une proximité d'affichage ; qu'elle a pour fonction de rendre sensible la fonction de l'Etat qui est de rassurer et protéger ; qu'elle contribue parfois à apaiser, à dissuader. Mais quand, lors de sa récente visite à Perpignan, le ministre de l'Intérieur prévient, à l'occasion d'un contact direct avec la population, que «nous ne laisserons rien passer» sinon «c'est directement la case prison», ou encore quand il affirme qu'un juge doit «payer» pour la prétendue «faute» d'avoir remis un détenu en liberté, on peut s'interroger sur la portée de ces propos. Il semble que notre pays soit tenté par un certain populisme pénal au point d'oublier les voies d'une authentique sécurité.
La tentation est d'abord politique. En France comme aux Etats Unis, la question pénale connaît une pér