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Libération
TRIBUNE

Colonisation française: la loi, l'Histoire et la mémoire

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par Jean-Pierre Michel et Bariza KHIARI
publié le 27 juin 2005 à 2h45

Le Parlement a adopté le 23 février une loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés ; cette loi stipule notamment dans son article 4 que «les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française d'outre-mer notamment en Afrique du Nord».

Ce texte a provoqué un tollé légitime car une loi n'a pas vocation à trancher les rapports entre l'Histoire et la mémoire. Il constitue une provocation inacceptable et sans précédent à l'égard des faits, des victimes, mais aussi à l'égard des historiens et des chercheurs qui l'ont condamné. En effet, à travers cet article se dessine clairement une volonté d'ingérence du politique dans le travail des historiens. Il convient de rappeler que l'élaboration de programmes scolaires ne dépend pas de la loi mais du ministère de l'Education nationale, après une concertation effectuée au sein du Conseil national des programmes.

On assiste à une dérive certaine vers l'instauration d'une Histoire officielle ; on pouvait légitimement penser que cela ne se produisait que sous des régimes totalitaires ou autoritaires, mais aujourd'hui plus de quarante ans après les événements qui ont profondément marqué notre histoire et nos consciences, certains voudraient réécrire l'Histoire à leur façon, et occulter certains aspects qui les dérangent. C'est évidemment une atteinte grave à la neutralité laïque de notre République et à la liberté de pensée qui fonde toute recherche