Un certain nombre d'anciens grands commis de l'Etat, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Dupont-Aignan, et quelques autres, s'emploient à faire fonds de commerce personnel de ce qui appartient en propre à l'ensemble des Français, c'est-à-dire la république.
En même temps qu'ils tentent de fonder sur l'idée de république leurs entreprises politiques conservatrices, ils en délivrent une vision profondément corrompue. Le succès très relatif de leurs projets de conquête, sur cette base, de positions de pouvoir aurait pu justifier l'indifférence à pareil dévoiement de l'idée fondatrice des sociétés politiques modernes. La perversion de l'image, cependant, chemine au point que, à propos du référendum sur la Constitution européenne, Philippe Val (1) a pu soutenir que les démocrates étaient pour le oui, quand les républicains étaient pour le non. C'était confondre la république avec ceux qui en sont les égarés, et obliger à la mise au point. On fera un crédit excessif aux nouveaux «soldats de l'an II» c'est ainsi que s'avance Jacques Nikonoff, le président d'Attac en énonçant qu'il y a deux conceptions de la république, la leur et, très certainement, la vraie.
La république selon M. Dupont-Aignan, qui a la circonstance atténuante d'être sorti de l'ENA avec la promotion «Liberté-Egalité-Fraternité», se confond à l'évidence avec l'Etat, dont, par vocation et par formation, il s'est fait le serviteur zélé. L'Etat centralisateur, s'entend, qui assure à ses agents les pleins pouvoirs sur