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Libération
TRIBUNE

Pourquoi arrêter de fumer ?

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publié le 29 juin 2005 à 2h47

«Le premier jour de mes vacances, j'arrête de fumer.» Il n'est plus besoin de se donner des raisons, la nécessité d'en finir semble s'imposer d'elle-même comme une réalité qu'il faut accepter et partager avec les autres. Même la peur du cancer n'est qu'une piètre motivation au regard des conventions qui nous conduisent à reconnaître qu'au fil du temps de plus en plus gens cessent de fumer. L'usage de la cigarette est frappé d'anachronisme. On a retiré la cigarette de la main de Sartre sur sa photographie retouchée, non pour respecter la loi Evin, mais pour abolir la mode d'une époque révolue. Il n'y a pas si longtemps, la cigarette était encore une arme de séduction. Elle est devenue une arme de mort. Les volutes de fumée envoyées devant le visage de l'autre, la manière de tenir sa cigarette sur le bord des lèvres étaient des gestes charmeurs, et le timbre de la voix du fumeur envoûtait. Qu'on revisite l'histoire en retirant toutes les cigarettes des mains et des bouches des stars du XXe siècle, voilà bien une attitude moraliste qui outrepasse toutes les raisons sanitaires.

Personne ne peut ignorer les dangers que provoque le tabac. Les informations morbides qui circulent quant à la destruction évidente des autres et de soi-même ne semblent laisser aucune place à cette éventualité rassurante pour le fumeur que l'herbe à tous les maux contiendrait quelque effet bénéfique. Les risques de cancer sont si probants que de telles informations semblent se transformer tout naturelleme