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Libération
TRIBUNE

La fin des «sans frontières»

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publié le 26 août 2005 à 3h25

Les recompositions politiques intervenues après 1989 et l'implosion de l'Union soviétique, ont eu, entre autres conséquences, de réactiver les antagonismes culturels, ethniques et religieux (réels ou instrumentalisés) dans un certain nombre de régions ou de pays. Les associations humanitaires n'ont pas manqué d'être concernées par ces évolutions et leur cortège de violence. A partir des années 90, au Rwanda, au Burundi, au Kosovo, dans le Caucase, on a pu constater que s'émoussait la relative immunité dont jouissaient les organisations non gouvernementales. Le phénomène s'est accéléré depuis. Peut-on encore aujourd'hui parler d'humanitaire sans frontières ? Les ONG ont-elles véritablement conservé une capacité à agir dans tous les contextes de crises ?

Le réalisme impose de reconnaître que cette liberté à intervenir n'importe où sur la planète était de fait relative même avant ces récentes évolutions, car des Etats forts interdisaient l'accès de leur territoire en certaines circonstances. La prise de risque à passer outre ces interdictions n'avait cependant pas les mêmes sanctions pour les acteurs de la solidarité internationale.

En Irak, en Afghanistan, en Tchétchénie, ces questions sont de nos jours particulièrement sensibles pour les intervenants humanitaires. Ces pays sont devenus des terres d'expression de tensions entre l'Occident et le monde arabo-musulman. Ce sont les lieux emblématiques de ce que d'aucuns interprètent comme un choc entre un Occident conquérant (les cr