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Libération

Les voleurs de révolution

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publié le 1er septembre 2005 à 3h30

Les révolutions dévorent leurs enfants et finissent par être kidnappées par leurs ennemis. Cette vieille leçon de l'Histoire mérite rappel au lendemain des cérémonies organisées à Gdansk et à Varsovie pour célébrer le 25e anniversaire de la création de Solidarnosc. Un anniversaire douloureux pour bien des pionniers d'un mouvement à la fois national, social et non violent qui, envers et (presque) contre tous, porta le premier coup décisif à la mainmise de l'Union soviétique sur l'Europe centrale. On peut comprendre sans peine cette amertume en voyant une fois de plus les voleurs de révolution à l'oeuvre, l'état de délabrement dans lequel se trouve aujourd'hui Solidarnosc et l'infinie médiocrité politique qui affecte la Pologne postcommuniste.

S'il est un mythe naissant qu'il faut détruire, c'est bien celui d'une Europe occidentale volant au secours de Solidarnosc dès sa naissance dans les chantiers navals de Gdansk, et même après. En France par exemple, le mouvement ne trouve de sympathie que dans une frange de la gauche antisoviétique mais est décrié quotidiennement dans l'Humanité et superbement ignoré par un Valéry Giscard d'Estaing qui privilégie ses relations «amicales» et cynégétiques avec le maître communiste de la Pologne, Edward Gierek. Pour Giscard, qui se prête de bonne grâce aux manoeuvres d'intoxication déployées par Moscou pour faire «avaler» aux Européens l'invasion de l'Afghanistan, la stabilité du continent implique que la Pologne reste communiste, et que l'UR