Les clairons qui sonnent pour célébrer les 100 jours de Villepin pourraient aussi reprendre les notes lugubres de la sonnerie aux morts. Pour les enfants et les adultes brûlés dans les incendies des immeubles parisiens où ils survivaient. Ils n'auront pas droit à des obsèques nationales. Ils ne sont pas victimes d'un accident d'avion. Ils ne votent pas. La compassion présidentielle est aux abonnés absents. Celle de Galouzeau de Villepin, extrêmement étriquée. Dans les 100 jours du Premier ministre, ces horreurs sont un trou noir. Il l'avait annoncé lors de sa nomination. La France n'a plus besoin d'un ministre du Logement à temps plein. Pourtant, quelques semaines avant sa nomination à Matignon, le meublé de l'Opéra avait brûlé. A ses yeux, c'était donc un accident et non pas l'irruption d'un problème politique.
Il est malheureux que, trois mois plus tard, cet aveuglement soit aussi largement partagé. De toutes parts sont émis des messages qui insistent sur la disparité des drames. Opéra, c'était la faute d'un marchand de sommeil. Au Roi-Doré, c'était un immeuble insalubre qu'on allait rénover... mais qui malgré son insalubrité reconnue depuis des années était encore habité... Quant à Auriol, c'était un immeuble associatif hébergeant de «vrais locataires avec tous leurs droits». Le fil rouge de ces drames, pour reprendre les mots d'Octavi Martì dans El País, c'est qu'à ces victimes, il manquait «le droit à un logement digne et sûr». Comme ces dizaines de milliers de Parisiens