Menu
Libération

Esthétique de la haine

Article réservé aux abonnés
publié le 13 septembre 2005 à 3h40

Et si, à force de susciter tant de haine, Laurent Fabius finissait par devenir sympathique ? Cette hypothèse, il va falloir l'envisager car la haine, on ne la lui chipote pas. Etait-ce une haine de classe que révéla, à la fête de l'Huma, l'épisode trop prévisible de l'oeuf, ici même bien trop sous-estimé ? Il faudrait au moins cela pour expliquer la passivité du service d'ordre stalinien (qui jouait pourtant à domicile mais qu'on avait connu plus performant), et se résoudre à admettre que ses Weston et son imper Burberry's distinguaient mieux Fabius que son appel à voter non au référendum du 29 mai. De fait, MM. Daniel Vaillant et Bruno Le Roux, officiels délégués du PS, semblent avoir passé à La Courneuve des instants paisibles... Lundi matin, à l'heure des revues de presse, un lancinant bruit de fond éditorial nous ramena avec la pluie l'ancienne antienne antinoniste que l'été n'aura donc pas enterrée. Mieux ­ je veux dire, pire : tout doucement, dans un lexique choisi, s'instaurent d'autres frontières censées identifier des camps, où les catégories du oui et du non se révéleraient soudain plus pertinentes que celles de «gauche» et de «droite». Ainsi se susurrait-il que ce n'était pas le PS qui avait été battu dimanche, dans la personne de Martine Filleul et dès le premier tour d'une législative partielle dans le Nord, mais une partisane du non au traité constitutionnel européen. On notera avec intérêt qu'un candidat UDF l'élimina (Libération d'hier). Le socialiste Bernard